Le P'tit Quinquin en ch ti et en français
Dors min p'tit Quinquin, min p'tit pouchin, min gros rogin Te m'feras du chagrin, si te'n'dors point ch'qu'à d'main |
Dors mon p'tit Quinquin, mon p'tit poussin, mon gros raisin Tu me feras du chagrin, si tu ne dors point jusqu'à demain |
Ainsi l'aute jour eune pauf' dintelière,
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Ainsi l'autre jour une pauvre dentelière, En berçant son petit garçon, Qui depuis trois quarts d'heures ne faisait que pleurer, Tâchait de l'endormir avec une chanson, Elle lui disait "mon narcisse, Demain tu auras du pain d'épice, Des bonbons à gogo, si tu es sage et si tu fais dodo." |
(refrain)
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(refrain) |
Et si te’m’laiches faire eune bonne semaine
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Et si tu me laisses faire une bonne semaine, J’irai chercher ton beau sarrau Ton pantalon de drap, ton gilet de laine, Comme un petit Milord tu seras faraud ! Je t’acheterai, le jour de la ducasse, Un polichinelle cocasse Un turlututu, pour jouer l’air du chapeau pointu |
(refrain)
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(refrain) |
Nous irons dins l'cour, Jeannette-à-Vaques,
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Nous irons dans la cour, Jeannette-aux-Vaches, Voir les marionnettes comme tu riras Quand tu entendras dire un sou pour Jacques, Par le polichinelle qui parle mal Tu lui mettras dans sa main, Au lieu d'un sou un rond de carrotte Il te dira merci, parce comme nous, il prendra du plaisir ! |
(refrain)
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(refrain) |
Et si par hazard sin maîte eus’fâche,
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Et si par hazard son maître se fâche, C’est alors Narcisse que nous rirons Sans n’avoir envie, je prendrai mon air méchant, Je lui dirai son nom et ses surnoms Je lui dirai des fariboles, Il m’en répondra des drôles Enfin, chacun verra deux spectacles au lieu d’un |
(refrain)
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(refrain) |
Alors serre tes yux, dors min bonhomme, J'vas dire eun'prière à p'tit Jésus, Pou qu’i vienne ichi, pindint tin somme, T'faire rêver qu'j'ai les mains pleines d'écus, Pou qu'i t'apporte eune coquile, Avec du chirop qui quile Tout l'long d’tin minton, t'eut'pourléqueras tros heures du long |
Alors serre tes yeux, dors mon bonhomme,
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(refrain)
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(refrain)
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L’mos qui vient, d’Saint-Nicolas ch’est l’fête,
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Le mois qui vient, c'est la fête de St Nicolas, C'est sûr au soir il viendra te trouver Il te fera un sermon et te laissera mettre, En-dessous du ballot un grand panier Il le remplira si tu es sage, De choses qui te rendront heureux Sinon son baudet t’enverra un grand martinet |
(refrain)
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(refrain) |
Ni les marionnettes, ni l’pain d’épice,
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Ni les marionnettes, ni le pain d’épice, N’ont produit d’effet ; mais le martinet A vite calmé le petit Narcisse, Qui craignait de voir arriver le baudet Il a dit sa berceuse, Sa mère l’a mis dans son berceau A repris son coussin, et répété vingt fois le refrain |
(refrain) | (refrain) |
Qu'est-ce que le Ch'ti ?
Le mot "chti " ou "chtimi ", a été inventé durant la Première Guerre Mondiale par des "poilus" qui n'étaient pas de la région, et qui désignaient ainsi leurs camarades qui étaient originaires du Nord-Pas-de-Calais. Ce mot a été créé à partir des mots "ch'est ti, ch'est mi" (c'est toi, c'est moi).
Les Ch'ti sont les habitants de la région Nord-Pas-de-Calais, et le Ch'ti est le patois parlé par ces derniers.
Le Ch'ti, c'est quasiment du picard, c'est une sorte de patois de la langue picarde. D'une ville à l'autre, des différences de prononciation existent et des mots sont totalement différents : c'est donc très difficile d'établir un glossaire.
Qu'est-ce que le picard ?
C'est une langue d'oïl qui est issue comme le français, de la langue romane, et donc du bas latin : le picard n'est donc pas, comme on pourrait le penser une déformation du français. Cette langue est encore parlée dans les régions Nord-Pas-de-Calais (sauf l'arrondissement de Dunkerque) et Picardie (moins la frange Sud), et en Belgique dans la Province du Hainaut jusqu'à La Louvière.
Le bas latin est le latin parlé ou écrit après la chute de l'empire romain et durant le Moyen Age. A partir du VIe siècle, la séparation entre le latin écrit et le latin parlé s'accéléra. Au IXe siècle, la distinction est effective et cela a donné naissance à deux langues :
A partir du IXe siècle, on décèle une ligne de démarcation linguistique correspondant au tracé de la Loire et séparant la langue d'oïl, au nord, de la langue d'oc, au sud.
La langue d'oc rassemble les différents dialectes du sud : le provençal, le languedocien, le gascon, le limousin, l'auvergnat, le dauphinois et le savoisien.
La langue d'oïl rassemble les différents dialectes du nord : le normand à l'ouest, le picard et le wallon au nord, le champenois, le lorrain et le bourguignon à l'est, et le francien (dialecte de l'Île-de-France).